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Morgue Hammond

Albert-Hammond-Junior-Concert

Premier concert parisien après vous-savez-quoi, la prestation d’Albert Hammond Jr nous laisse un goût bizarre et le cerveau cotonneux, sans doute parce qu’on a plus pensé à regarder le public – cette désormais tristement fameuse Génération Bataclan – que le groupe sur scène, et à imaginer l’inimaginable.

Perspective réjouissante

Sans être l’événement de l’année, une soirée avec le nice guy de la bande à Julian, dont la troisième livraison a durablement installé son auteur au rang des songwriters respectables, demeure une perspective réjouissante pour l’amateur de rock exigeant. En bon provincial, j’arrive au Trabendo pile pour le début du premier morceau de l’ex-Strokes, zappant sans ménagement la prestation de Tempesst, une sorte de Tame Impala anglais (à croire qu’il faut venir d’une ile pour réussir dans le rock psychédélique) (remarque assez peu valable pour la Corse, j’en conviens volontiers). Le fils à papa – Albert est le rejeton de Albert Hammond, compositeur à succès de variété US seventies, d’où le Junior – n’a pas fait le plein et je me surprends à jeter des coups d’oeil par dessus mon épaule et à repérer les sorties de secours.

C’est qui le patron ?

Albert et ses hommes sont du genre affûtés, le t-shirt basique moulant est de rigueur, à l’exception du guitariste rythmique à la chemise aussi débraillée que son jeu de guitare. Hammond passera l’essentiel du concert la guitare manche en bas, comme pour signifier que c’est bien lui le patron, et non plus le porteur d’eau. Pas servi par un son crade dans le mauvais sens du terme – défaut récurrent de la salle nord-parisienne – Hammond attaque néanmoins avec l’enthousiasme d’un ado jouant pour la première fois au bal du lycée.

Michael Stipe chante The Strokes

Le problème, c’est qu’il va d’entrée perdre son monde, du moins celui qui n’a pas fait l’acquisition du EP AHJ sorti en 2013, en lançant Strange Tidings puis Rude Customers, deux morceaux sur lesquels sa voix de «Michael Stipe chante The Strokes» fait pourtant merveille. Back To The 101, extrait new-orderisant du premier album, puis Power Hungry, lui aussi très REM, poursuivent sur ce tempo un peu mou, alors que sa discographie lui permettrait un set bourré d’énergie, agrémenté pourquoi pas d’une reprise bien sentie d’un hit des Strokes, histoire de se mettre le public dans la poche.

Artillerie lourde

Carnal Cruise, nouvel extrait du fameux EP, sonne le réveil, que GfC, première des deux incursions dans Como Te Llama s’empresse d’annihiler. Qu’à cela ne tienne, un aller/retour au bar pour se remotiver et cette fois c’est l’artillerie lourde : Caught By My Shadow, Touché, Losing Touch et Razor’s Edge – soit ni plus ni moins que les 4 meilleurs titres du dernier album Momentary Masters – s’enchaînent brutalement, à peine interrompus par la reprise du Postal Blowfish de Guided By Voices. On voit enfin les têtes remuer, les bras se lever et la fosse esquisser un semblant de mouvement de foule. Sur scène aussi, ça bouge, avec quelques changements de position entre guitaristes, mais on est quand même loin du rock’n’roll circus. In Transit, seul morceau qui a failli devenir un titre des Strokes, emballe le tout et on sent que c’est déjà la fin, surtout avec St Justice, dernier passage par l’EP AHJ.

Retenue post-traumatique

Point n’est besoin de s’égosiller très longtemps pour obtenir un rappel qui sera à l’image du concert : bancal. Everyone Gets A Star et Spooky Couch, deux morceaux tout à fait dispensables, plombent les excellents Born Slippy et Side Boob, qu’on aurait bien vus en introduction. Au final, Albert et sa bande nous offrent un concert généreux mais qui ne parviendra jamais à réveiller ce public du dimanche soir, pressé d’aller se coucher parce que demain, c’est lundi et que le chef sera encore de mauvaise humeur. Peut-être faut-il y voir aussi une forme de retenue post-traumatique, comme si s’amuser était désormais un peu déplacé.

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