Chez Rock on Wall, on adore les séries – pas les feuilletons ineptes que la télé nous sert au kilomètre pour nous empêcher de penser, mais bien les pochettes de disques vinyles qui se renvoient la balle à travers un logo, un personnage, une mise en page ou un thème, créant ainsi un fil rouge tout au long de la carrière d’un artiste ou d’un groupe. On a donc décidé de partager avec vous nos séries coup de coeur, en commençant par le “college radio band” Weezer, et en espérant vous inoculer le virus de la quête de la série perdue !
Anti-Radiohead
Weezer, c’est un groupe plutôt anecdotique qui n’a jamais été pris au sérieux par la critique, une sorte d’anti-Radiohead qui a décroché la timbale grâce à quelques singles à base de mi-la-ré-sol (Buddy Holy, Island In The Sun) entourés de beaucoup de “fillers”. Mais si par hasard vous êtes tombé dedans quand vous étiez petit, votre amour inconditionnel pour le quatuor de L.A. aux guitares saturées est probablement proportionnel à l’agressivité que vous déploierez envers quiconque osera en dire du mal. Vous aurez compris que nous appartenons à la seconde catégorie. En 25 ans d’une carrière débutée en 1992, Weezer nous a donné pas moins de 10 albums que l’on se gardera bien de critiquer ici (pour un classement de leur discographie du moins bon au meilleur, on vous conseille grandement la lecture de cet article) pour ne se concentrer que sur cet accident graphique que constitue la réunion des albums « bleu », « vert », « rouge » et « blanc ».
Century Gothic
L’histoire commence avec la sortie du « blue album » en 1994, sur la pochette duquel on peut voir les 4 membres originels du groupe en rang d’oignon sur un fond bleu. Le moins que l’on puisse dire est que nos jeunes musiciens ne respirent pas le glamour. Le nom du groupe apparait en noir dans une police sur mesure très proche de Century Gothic – on ne sait pas encore qu’il va devenir un véritable logo. On doit cette pochette à Karl Koch, autoproclamé webmaster, historien, archiviste et 5e membre officieux du groupe. L’image, facile à détourner, a donné lieu à de nombreuses parodies et la version rare sur laquelle les pieds des protagonistes apparaissent est le Graal de tout fan de Weezer qui se respecte.
Pieds apparents
Le « Green album », sorti en 2001, marque le retour du groupe après un break de 5 ans qu’on a craint comme définitif. Les similitudes avec l’album bleu (même logo, même fond uni, même rang d’oignon) sautent au yeux autant que les différences : nom oversized, look soigné, budget coiffeur, pieds apparents laissant voir un mix de sneakers et de mocassins vernis, et surtout pose rock’n’roll – c’est fou comme une guitare électrique peut vous changer l’ambiance. Ce clin d’oeil au premier album était une manière de dire : we are back. Pour l’anecdote, la couleur du fond a été choisie par Rivers Cuomo, leur leader psychopathe, parmi différentes versions disposées sur les étagères d’un disquaire : ça c’est pro !
Village People
Le « Red Album » est déjà le 6e du groupe. Il sort en 2008, 7 ans après le « green » et 14 ans après le « blue » (vous me suivez ?). A nouveau, logo identique, fond neutre et groupe en rang d’oignon. Mais cette fois, on rajoute un petit effet halo au logo et surtout, les musiciens sont photographiés en buste et dans des accoutrements tellement bizarres que les fans et la presse ont d’abord cru à une blague. L’influent webzine Pitchfork les comparera même aux Village People avec, de gauche à droite, le barman, le professeur, le cowboy et le motard.
Au top du cool
Avec cette fréquence de 7 ans entre les albums monochromes du groupe, on s’attend (enfin je m’attends) à une nouvelle couleur pour 2015 : raté (de pas grand chose) puisque le « white album » sort en avril 2016 ! Logo : checked ! Rang d’oignon : checked ! Monochrome : almost checked ! Mais il y plus à voir sur cette pochette que sur les trois autres réunies : nous voici à Venice Beach un dimanche, entre couple alangui et chercheur de gourmette, comme pour rappeler que la musique de Weezer doit beaucoup aux Beach Boys et que le groupe sera toujours au top du cool.
Voilà, on a peut-être inventé ces liens entre 4 pochettes de disques vinyles sortis sur plus de deux décennies, mais au final, c’est du « rock on the wall » de haut niveau !